11 janvier 2015

No Steak d'Aymeric Caron


No steak est à la France ce que Faut-il manger des animaux est aux Etats-Unis : le constat accablant du « produire toujours plus à moindre coût » et ce quelles qu’en soient les conséquences pour les animaux, la santé et l’environnement.
Ce qui positionne cet ouvrage en « lecture incontournable » est le fait qu’Aymeric Caron y décrit en détail les conditions de vie des animaux d’élevage, ici, en France.


On ne pourra donc pas dire qu’on savait pas que :
-D’une manière générale les animaux sont considérés comme des matières premières, ils n’ont aucun espace vital et aucune possibilité de se déplacer. Ils voient la lumière du jour une première et dernière fois : lors du transport à l’abattoir. Pour beaucoup d’entre eux, les premiers pas sont les derniers.

-La vache laitière : Elle est inséminée artificiellement à 1 an. La gestation dure 9 mois. Le veau est retiré 1 jour après, ce qui provoque un traumatisme chez la mère (NB : le veau tête naturellement pendant 8mois). Trois mois plus tard, elle est refécondée. Elle est traite 10 mois sur 12, c’est-à-dire sauf les 2 derniers mois de grossesse. Elle va être fécondée entre 3 à 6 fois dans sa vie (ce qui produira maintes malformations), et partira ensuite à l’abattoir (entre5 et 7 ans). Dans la nature, elle vit 20 ans.

-Le veau retiré est mis en box individuel sur sol nu jusqu’à 8 semaines. Après ces 8 semaines, la loi impose qu’il soit élevé en groupe. 5 mois maximum après, il part à l’abattoir.

-Les cochons : La truie (« coche ») est inséminée artificiellement. Elle vit en stalle de contention de moins de 1 mètre de large où elle ne peut bouger. [ndlr Les cases de gestation sont désormais interdites au sein de l'UE à l'exception des quatre premières et de la dernière semaine de la gestation d'une truie. Cette directive européenne n’est pas respectée par la France, c’est pas grave, nos impôts paieront les amendes.] Le nombre moyen de portée par an est de 2.5. 20% des porcelets meurent écrasés par la mère qui ne peut bouger. Bonus flash : les truies souffrent énormément de la faim car elles sont sous-alimentées pour faire des économies.

-Les porcelets : ils hurlent de douleur quand on leur coupe la queue, les testicules, quand on leur lime les dents, est-ce nécessaire de préciser « le tout sans anesthésie »? Après 4 semaines (le sevrage naturel dure 4 mois), ils partent à l’engraissement : sur grillage, sans paille bien sûr, ni lumière. Ces conditions de détention, de contention même, provoquent une agressivité énorme et une forte mortalité : ils vivent les uns sur les autres et se battent, ils sont à des années lumière de pouvoir exprimer leur comportements naturels. Avant 6 mois, ils partent à l’abattoir alors que leur espérance de vie est de 20 ans.

-Les poules pondeuses : 80% vivent en cage (format A4 + 1 post-it). On leur coupe le bec à la lame chauffante pour éviter les « comportements cannibales » [ndlr : en vérité, les poules tout comme les cochons ont besoin de fouiller le sol, c’est un de leurs principaux comportements naturels et privés de ce besoin entre autres, ces animaux s’entredéchirent]. Elles sont réformées et abattues à 3 ans, transformées en bouillon et croquettes pour animaux de compagnie car elles sont en trop mauvais état pour la consommation directe. [ndlr : aujourd’hui les producteurs de croquettes ont de plus en plus de mal à s’approvisionner en matières premières animales, ce qui signifie que les croquettes pour animaux sont de plus en plus mauvaise qualité et que ces composants sont petit à petit récupérer pour l’alimentation à destination des humains]

-Les poussins pondeurs (pour renouveler le cheptel des pondeuses) : 10 minutes après être sortis de leur coquille, ils sont triés pas sexage (retournement du cloaque). La femelle part rejoindre les hangars de ponte, le mâle est broyé vivant (50 millions de morts par an en France).

-Les poulets de chair : Posés tout petits dans d’énormes hangars, ils les quittent à 40 jours, entassés les uns sur les autres. Ce sont des monstres créés dont les os et les organes ne supportent pas le poids des muscles disproportionnés.

[ndlr : toutes espèce confondue la part de l’agriculture intensive est de 90 % en France
Ces bêtes que vous voyez paître tranquillement pendant vos week-end, ce sont les 10% autre, les « produits haut-de gamme ».]

En France : par jour, 3 millions d’animaux sont abattus, ce qui fait 2000 par minutes.
Ce qui fait 2000 vies, 2000 consciences, 2000 destins par minute….
…pour votre estomac !

On continue la visite avec les abattoirs ?
Sachez d’abord que les lois contre la maltraitance des animaux ne sont que poudre aux yeux car en pratique, les transgressions sont nombreuses et ne sont jamais sanctionnées.
L’étourdissement est obligatoire en France depuis 1964. Mais malgré les méthodes employées (au menu : matador, électronarcose, décharge électrique, gazage), l’animal n’est fréquemment pas rendu inconscient avant l’abattage. [ ndlr : il arrive même qu’il ne soit pas mort avant le dépeçage ou même le démembrement à cause des cadences infernales des chaînes]
Il existe une  dérogation à cette loi pour les produits halal et casher. Suite à une certaine interprétation des textes religieux, les animaux doivent être tués sans étourdissement. Mais alors que la demande de ces produits ne correspond qu’à 10 % des abattages, ce sont bien 48% des animaux abattus en France qui le sont sans étourdissement. La raison ? La rentabilité bien sûr ! Les abattoirs ne changent pas leurs chaînes entre le mode halal et le mode non halal, ça prendrait trop de temps, et donc engendrerait un manque à gagner ! 
Je cite souvent Aymeric Caron au sujet de ce débat brûlant : « L’étourdissement n’est pas l’assurance d’une mort tranquille mais sans étourdissement, c’est l’assurance d’une mort douloureuse ».
Devant l’utilisation abusive de cette dérogation, il devient urgent que les consommateurs exigent des mentions « abattu sans étourdissement » sur les produits qu’ils achètent.

La légitimité biologique de la consommation de chair animale et de produits issus d’animaux vue dans NO STEAK.
Historiquement, c’est bien la maîtrise du feu qui a permis aux hommes de consommer de la viande sans en ingérer les bactéries. Les australopithèques étaient d’ailleurs végétariens.  Il est à noter qu’aucun carnivore ne se plie à cette contrainte de cuisson préalablement à la consommation !
Le mystère des produits laitiers….N’avez-vous jamais remarqué le nombre incroyable de gens intolérants au lactose ? Comme la plupart des asiatiques par exemple ? La raison est simple : chez les mammifères, le lait est fait pour les nourrissons. Ils digèrent le lactose grâce à une enzyme appelée « lactase ». Ensuite cette enzyme se désactive.
En Europe par exemple, nous nous sommes obstinés à consommer des produits laitiers depuis le Moyen-Age : le nombre d’adultes dont le gène de la lactase ne s’est pas désactivé a donc augmenté (ils représentent 70% des européens aujourd’hui).

Aymeric Caron se place en végétarien engagé. Il opte pour un discours mesuré et tolérant « on sauvera plus d’animaux en convainquant tout le monde de diminuer sa consommation de viande plutôt qu’en convainquant une personne au végétarisme ».
Comme tous les grands défenseurs de la cause, il  énonce notre devoir de bienveillance à l’égard de tous les êtres sensibles : « notre responsabilité de traiter avec respect des êtres sur lesquels il est facile d’exercer une domination ».

Les végétariens choisissent de ne manger aucune chair animale,
les végétaliens choisissent de ne manger aucun produit issu d’un animal,
les vegans choisissent de ne consommer aucun produit issu de l’exploitation animale,
les omnivores choisissent  de manger des animaux.

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